Mon histoire commence ici
Je suis né dans la petite bourgeoisie banlieusarde d’Oslo. Le genre étriqué et bien-pensant, vous voyez de quoi je parle ? La chose la plus cruciale à leurs yeux étaient l’image qu’ils donnaient aux autres. Ils allaient au temple protestant tous les dimanche matin, payaient leurs impôts deux semaines avant la date butoir, détestaient le rock et la mode, enfin, toute forme d’originalité. Petit, je les voyais comme mes parents, et ils étaient parfaits. J’ai eu une enfance heureuse, je n’ai pas eu à me plaindre : j’allais dans de bonnes écoles, ils m’ont inscrit chez les scouts, au football et au hockey, et tout aurait pu se passer magnifiquement bien si j’avais continué à me montrer docile et à avoir de bonnes notes. Sauf qu’en rentrant au lycée, en grandissant, j’ai remarqué qu’ils n’étaient pas parfaits. On se disputait de plus en plus parce qu’ils me critiquaient en permanence, tout le temps sur mon dos en me disant qu’une boucle d’oreille, les cheveux trop longs ou je ne sais trop quelle connerie risquerait de les faire devenir la honte du quartier. Les films que je regardais me pervertissaient, les comics que je lisais aussi, les filles avec qui je sortais n’étaient jamais assez bien…

Un jour j’en ai eu tellement marre qu’après une de ces disputes à faire trembler les murs, qui avait pour point de départ mes cheveux trop longs, j’ai fourré mes affaires dans un sac de sport, et j’ai taillé la route. Je ne suis plus jamais retourné chez eux, et de leur côté, ils ne m’ont jamais cherché. Je crois qu’on était une déception mutuelle. J’ai débarqué à Oslo avec toutes mes économies et rien de précis en tête. Les premières semaines ont été dures, mais j’ai réussi à me trouver une piaule minable dans laquelle j’ai squatté quelques temps, jusqu’au moment où je suis arrivé à me trouver un boulot. Le premier d’une longue série. J’ai fait serveur, coursier à vélo, j’ai distribué le courrier et des prospectus dans la rue. Tout ça pour survivre. Mais au bout d’un an ou deux comme ça j’ai vite compris qu’il fallait que je change sérieusement les choses si je ne voulais pas continuer comme ça toute ma vie.

Depuis toujours j’avais envie d’envie d’être avocat, et je me suis dit que ça, ça allait être mon objectif. J’ai repris les cours par correspondance pour obtenir mon diplôme de fin d’études. Par contre… même si j’étais hyper motivé, l’argent que je gagnais ne suffirait jamais pour me payer l’école d’avocat. Il fallait que je trouve une autre source de revenus. Alors… quand un mec m’a parlé de combats clandestins qui pouvaient rapporter des sommes à quatre chiffres par soirée, je n’ai pas hésité longtemps. Au début, je m’en suis pris plein la gueule. J’étais un bleu. Et puis j’ai commencé à prendre mes marques, à savoir cogner et encaisser. J’ai réussi à me faire un nom dans le milieu, et mon sésame vers une autre vie grossit petit à petit à la banque, bien au chaud.